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FERMETURE D'UNE CLASSE D'ÉCOLE PRIMAIRE SUR LE RPI Bellevesvre / Torpes / Mouthier / Beauvernois : chronique d'un échec annoncé

 

 

Chronique d'un échec annoncé,
ou,
Comment la population a tenté de sauver notre RPI.

 

par le Collectif Actions et Projets

 

 

 

Plan de cette chronique

 

Qu'est-ce que le "Collectif Actions et Projets" ?

Les choix et responsabilités de l'Éducation Nationale

Nos actions et tentatives auprès de nos élus locaux

L'impasse et la non concordance des avis auxquels sont confrontées nos quatre communes

Les forces de propositions sont déjà là

 

 

**********************************
 

Voici le travail que nous avons effectué depuis l'annonce d'un retrait de poste d'enseignant.

 

Qu'est-ce que le "Collectif Actions et Projets" ?

Suite à la réunion publique du 17 mai dernier (cliquer ici), organisée par les délégués des parents d'élèves de notre RPI Bellevesvre / Torpes / Mouthier / Beauvernois, une vingtaine de personnes (parents d'élèves, délégués des parents d'élèves, habitants de nos quatre communes et sympathisants) se sont proposées pour agir.

- Agir contre le projet de retrait de poste de Sonia Lecuelle.

- Agir pour comprendre l'impasse dans laquelle se trouvent nos quatre communes.

- Agir dans le sens d'un rapprochement durable de nos quatre communes.

- Agir pour remettre nos quatre communes autour d'une même table pour, après concertation et validation, formuler une position claire nette et consensuelle dont l'objectif sera de nous présenter comme un bloc uni et soudé face à des directives nationales qui ne sont en rien compatibles avec nos projets d'avenir.

 

Les choix et responsabilités de l'Éducation Nationale

Durant un an et demi, des discussions ont eu lieu entre nos représentants municipaux et nos fonctionnaires départementaux de l'Éducation Nationale.

Nous avons pu, nous-mêmes, membres du collectif et délégués des parents d'élèves, nous rendre compte des méthodes et pratiques de l'Éducation Nationale lors de notre audition du 24 mai dans les locaux de Mâcon.

Lors de cet entretien, nous avons été reçus par Mr Ben, directeur académique départemental de l'Éducation Nationale (DASEN), Mr Renault inspecteur de l'éducation nationale (IEN) ainsi que Mme Frayer-Miettaux inspectrice de l'éducation nationale adjointe (IEN adjointe).

Durant cet entretien de 2h30, nous avons pu constater plusieurs choses importantes :

- L'Éducation Nationale reporte la responsabilité de cet échec sur les maires de nos quatre communes et reconnaît du bout des lèvres un léger problème de communication de sa part.

- L'Éducation Nationale n'a eu de cesse de nous rappeler que la situation est pire ailleurs et que par conséquent nous devions nous satisfaire de notre situation. Mécanique classique du nivellement par le bas.

- L'Éducation Nationale n'a eu aucun argument recevable pour justifier/valider le rapport entre le service qu'elle prétend rendre (qualité éducative, respect du dialogue, etc.) et ce qu'elle impose en pratique (retrait de poste, etc.).

- L'Éducation Nationale se targue de ne plus raisonner en terme d'effectif et affirme qu'aujourd'hui tout se décide au cas par cas, sur la base de projet éducatif et suivant des critères de qualité éducative. Lorsque nous avons démontré que nous répondions à la plupart de ces critères, la réponse qui nous a été donnée fut purement et simplement comptable : nos effectifs ne justifient plus le maintien du poste d'enseignant ! Certes nos effectifs globaux ont diminué ces dernières années mais ceux-ci sont loin d'être catastrophiques et la tendance n’est pas irréversible.

- L'Éducation Nationale pratique également une technique de dialogue pour le moins douteuse et qui, au final, s'avère parfois trompeuse. En effet, lors de cet entretien beaucoup de choses ont été dites pour nous rassurer quant à l'avenir de notre RPI. Malheureusement, comme nous avons pu le constater et comme les maires nous l'ont relaté, l'Éducation Nationale met en avant quantité d'engagements oraux mais rien n'est validé par écrit. En d'autres termes, nous sommes une nouvelle fois confrontés au cynisme politicien bien illustré par la célèbre formule : les promesses n'engagent que ceux qui y croient.

- Dernier point qui nous a probablement le plus choqué. Nous avons pu constater de nos propres yeux la pression psychologique qui est exercée sur le corps enseignant.

Lors de nos actions de blocage d'école pour faire entendre notre voix, nous avons vu à quel point les enseignantes étaient sommées de se débrouiller pour que nos actions ne fonctionnent pas.

Il leur incombait, à elles seules, de réussir à faire entrer coûte que coûte les élèves dans les classes au mépris de toute règle de sécurité. Rappelons que ce jour-là, les cours des écoles étaient symboliquement occupées par de multiples animaux (chiens, poules, chevaux, chèvres, poneys...) pour la plupart en liberté. (cliquer ici).

Il paraît évident que des moyens de pression sont utilisés contre les enseignantes et qu'aujourd'hui encore l'Éducation Nationale répond à celles-ci en des termes d'un autre temps : "un fonctionnaire, ça fonctionne !"

En langage commun cela veut dire : un fonctionnaire ça se tait et ça ne contredit pas sa hiérarchie.

Rappelons simplement à ces "hauts fonctionnaires" que nous ne sommes plus en 1960 et que leurs pratiques managériales sont aussi nuisibles que totalement dépassées.

 

Nos actions et tentatives auprès de nos élus locaux

Lors de ces dernières semaines, notre volonté a été de comprendre les positionnements,
engagements et volontés futurs de nos quatre conseils municipaux.

Nous avons donc entrepris de les rencontrer de manière officielle pour les entendre et leur
proposer de se réunir une nouvelle fois avant le vendredi 7 juin pour trouver un compromis.

Voici les résultats de ces entretiens :

- Nos quatre communes ont accepté de nous rencontrer.

- Trois communes ont donné leur accord de principe pour se réunir autour d'une table afin de sortir de l'impasse actuelle.

- Une commune n'a pas souhaité que cette réunion ait lieu.

- Trois communes ont validé oralement la nécessité de remettre à plat le fonctionnement de notre RPI, dont le cadre contractuel date de 1987 (entrée de Mouthier-en-Bresse au sein du RPI).

- Une commune ne souhaite pas et ne voit pas l'intérêt d'établir de nouveaux éléments de fonctionnement pour notre RPI.

- Trois communes ont trouvé pertinente et se sont dites prêtes à réfléchir à notre proposition de créer un budget commun au sein du RPI afin de répondre à des projets ne rentrant pas dans les compétences transférées à la Communauté de commune.

- Une commune ne souhaite pas intégrer cette réflexion et justifie son refus par le fait qu'aujourd'hui chaque commune gère, financièrement parlant, les projets et demandes propres à son école et ne voit donc pas l'intérêt d'une mutualisation.


L'impasse et la non concordance des avis auxquels sont confrontées nos quatre communes

Bellevesvre : était partisane d'un pôle scolaire centralisé sur sa commune, ce qui nécessiterait la construction d'un bâtiment annexe (à proximité de l'Agorespace) comprenant deux salles de classes (financées par les quatre communes). Les bâtiments des deux autres communes pourraient être réaffectés à de nouveaux projets, comme des utilisations pour activités scolaires spécifiques (sportive, artistique, culturelle, manuelle, environnementale...) et/ou des activités complémentaires (MARPA, MAM, Médiathèque, etc.).

Torpes : n'affichait pas de préférences particulières entre un pôle centralisé et un bi-pôle. La commune de Torpes a entamé des démarches auprès de l'Agence Technique Départementale (ATD) pour avoir un avis consultatif sur la faisabilité des deux projets et est en attente des résultats pour pouvoir se prononcer.

Beauvernois : se disait plutôt favorable à la solution du pôle centralisé, mais n'ayant pas de bâtiment scolaire, se disait prête à s'associer à la préférence des trois autres communes.

Mouthier-en-Bresse : se disait plutôt favorable à la création d'un bi-pôle implanté sur les communes de Torpes et de Mouthier-en-Bresse. Ne nous a pas expliqué le fonctionnement de celui-ci mais était convaincu de sa faisabilité. La commune a conduit les mêmes démarches que Torpes auprès de l'ATD. C'est aussi la commune qui refuse de continuer les discussions par lassitude et découragement.

Pour conclure, il nous semble inéluctable que les quatre conseils municipaux se réunissent autour d'une même table et fassent enfin preuve de sincérité et d'honnêteté quant à leur volonté commune de sauvegarder notre RPI ainsi que d'établir les conditions nécessaires au maintien et au renforcement de la qualité de l'enseignement.

Chaque commune a perdu beaucoup de temps dans des querelles de personnes, stériles et bien trop éloignées de l'intérêt général. Nous ne pouvons décemment pas accepter cette situation de blocage qui empêche tout processus de concertation et d'avancement. Notre but n'est pas de prendre position pour les uns ou pour les autres mais bien de rappeler avec force et détermination la mission de chacun. Nous enjoignons donc nos élus à transcender leurs différends afin d’offrir à nos enfants l'avenir apaisé indispensable à leur épanouissement.


Les forces de propositions sont déjà là

Force est de constater que le premier argument qui nous était chaque fois présenté, à savoir que nous n'étions pas assez nombreux et donc illégitimes, ne tient absolument plus.

À ce jour, nous représentons une voix majoritaire au sein de notre RPI et qui va bien au-delà des seuls parents d'élèves.

Depuis maintenant un an et demi, nombre d'habitants de nos quatre communes se sont impliqués dans notre démarche d'apporter des réflexions et des solutions aux problèmes divers que nous rencontrons.

À l'issue des diverses rencontres que nous avons organisées, il paraît nécessaire de mettre en place, au sein de notre RPI, des "commissions citoyennes" qui auront pour but de créer une force de propositions et de réflexions. Celles-ci devront être pleinement impliquées dans les décisions futures.

De multiples exemples concrets de commissions ont d'ores et déjà été évoqués. Certaines devront être en relation directe et étroite avec l'équipe enseignante de notre RPI.

Exemples de commissions pouvant être mises rapidement en place :

- Commission Éducation et Pédagogie
Quels besoins ? Quelles nécessités ? Quels projets à court, moyen et long terme ?

- Commission Environnement et Écologie
Quels leviers d'action pour améliorer notre environnement ? Quels objectifs locaux se fixer pour réduire notre consommation énergétique ?

- Commission Revitalisation de nos territoires
Comment accueillir de nouveaux habitants ? Projets de construction ? Relance de l'attractivité artisanale et commerciale au sein de nos villages ? Création de nouveaux services proposés à la population ?

Au-delà de nos expériences et rencontres actuelles, nous pourrons élargir le champ de nos investigations à ce que d'autres regroupements citoyens de Bourgogne-Franche-Comté (et d'ailleurs en France) ont déjà réalisé.

À ce jour, des dizaines de RPI connaissent les mêmes problématiques que nous, chacun essayant d'améliorer sa propre condition.

Nous estimons et pressentons que l'union de nos forces ne serait qu'un nouvel atout au service de notre principal projet qui est de proposer au plus grand nombre un service éducatif et pédagogique de qualité en milieu rural.

Nous vous invitons, toutes et tous, à diffuser cette tribune pour qu'enfin nous sortions de
l'immobilisme qui nous frappe et que, dans un avenir proche, nous puissions chacune et chacun jouir pleinement de nos droits et remplir nos devoirs de citoyen.

Nous terminerons cette tribune par quelques mots d'Edgar Morin, illustre penseur et résistant.


"À force de sacrifier l’essentiel pour l'urgence,
on finit par oublier l'urgence de l'essentiel."
(La méthode, Éthique, 2004)


À nos enfants. Merci à vous.


Le Collectif Actions et Projets
 

 

PS : Nous tenons à préciser que cette tribune n'ayant pu être réalisée plus tôt, de nouveaux événements sont intervenus depuis nos dernières actions.

À ce jour, comme vous l'avez sûrement appris, le poste de Sonia Lecuelle a définitivement été retiré et la maîtresse est réaffectée à Pierre de Bresse.

D'autre part, Lucie Montuelle a obtenu, à sa demande, un poste à Louhans.

Un-e remplacent-e sera affecté-e à Bellevesvre pour remplacer Lucie Montuelle.

L'accueil des maternelles se fera à Bellevesvre. Le demi poste d'enseignant pour les TPS sera effectif dès la rentrée prochaine.

La classe initialement prévue pour les CM sera réaffectée en "agence postale".

 

Les signataires de cette tribune sont, les membres du collectif "Actions et Projets", trois délégués des parents d'élèves, des habitants de nos quatre communes, ainsi que de nombreux sympathisants.

Par ordre alphabétique :
Nicolas Boissier, Julia Carnoy, Lætitia Chateau, Gaëlle Collin, Marion D'Hooge, Fabienne et Julio Do Santos, Christophe Foyet, Bruno Gasiglia, Emilie et Nicolas Goguillot, Marc Harrop, Vincent Jacquard, Adriana et Jean Marc Jannet, Christie Lamond, Flore et Jérémy Lheureux, Stéphanie Mahieu, Amandine Malin, Zoé Poliart, Julie Sergi, Adèle et Thomas Trueblood, Louis Sénéchaut, ....